Un peu d'histoire: le 22e bataillon canadien dans la guerre
le 22e bataillon canadien dans la guerre
La formation
Dès le 6 août 1914, le gouvernement canadien ordonne la formation d’un contingent de volontaires. Le 8 septembre, l’effectif du premier contingent est au complet, 32 665 hommes, dont 1 245 volontaires canadiens-français, et le 3 octobre, ce contingent quitte le Canada vers l’Angleterre. Les francophones ont été répartis au sein des unités de langue anglaise.
Les capitaines Hercule Barré et Émile Ranger du 65e Régiment (Carabiniers de Mont-Royal) cherchèrent bien à former un bataillon exclusivement canadien-français mais ils durent se contenter de former deux compagnies d’infanterie dans le 14e Bataillon. D’autres francophones ont été dispersés au sein du 13e Bataillon.
Une délégation d'hommes politiques fédéraux et provinciaux, des membres de l’Episcopat ainsi que certains hommes d’affaires, sous la direction du docteur Arthur Mignault, officier au sein du 65e Régiment, constaterent que l’unité nationale etait liée ,entre autres, à l’intégration des Canadiens français au sein de l’armée permanente et à la formation d’un bataillon exclusivement canadien-français.
Le 23 septembre 1914, dans une lettre adressée au Premier ministre Sir Robert Borden, Sir Wilfrid Laurier, alors Chef de l’opposition mentionne que son seul but est :
«...d’aider la cause qui nous tient si chaleureusement à cœur» .
Laurier persistait à croire que la formation d’une unité canadienne-française connaîtrait un franc succès au sein de la population francophone. La proposition est retenue et le gouvernement donna officiellement son accord le 20 octobre.
Initialement connu sous la dénomination Régiment Royal Canadien-Français, le 22e Bataillon (canadien-français) fut désigné unité francophone tout simplement parce qu’il fut le vingt-deuxième bataillon d’infanterie autorisé pour le Corps expéditionnaire canadien (CEC). Sa véritable dénomination était le 22nd Infantry Bataillon (French Canadian).
Les premiers volontaires du 22e Bataillon à Saint-Jean-sur-Richelieu, en 1914.
D’octobre 1914 à mars 1915, l’entraînement de l’unité s’effectua à Saint-Jean-sur-Richelieu. La vétusté du site, le manque d’espace pour l’entraînement et l’attrait de la grande ville de Montréal (qui causerent de nombreuses désertions et d’autres cas d’indiscipline) amenerent le Colonel Gaudet, premier commandant du 22e Bataillon, à demander à plusieurs reprises le transfert de son unité vers un site plus approprié pour parfaire l'entraînement. L'unité finit par être déployée à Amherst (Nouvelle-Écosse) le 12 mars 1915, avant de partir pour l'Europe en septembre 1915.
En Europe
Intégré au sein de la 5e Brigade de la 2e Division canadienne, le 22e Bataillon connut 38 mois de guerre et il combattit auprès des 24e, 25e et 26e Bataillons. De septembre 1915 à mars 1916, le 22e Bataillon occupa les tranchées dans les Flandres, près d'Ypres. Durant cette période, l’unité eut à subir sa première attaque au gaz, à Vierstraat, prélude d’une offensive allemande imminente. Cependant, cette dernière fut un échec et ces derniers durent renoncer à la poursuivre et à se replier.
22nd Infantry Battalion (French Canadian). July, 1916
À Flers-Courcelette, le 15 septembre 1916, le 22e Bataillon prit part à sa première attaque d’envergure au niveau du Corps d’armée. Après avoir transmis ses ordres, le major Tremblay, commandant l'unité avertit ses hommes que :
«...ce village, nous allons le prendre, et quand nous l’aurons pris, nous allons le garder jusqu’au dernier homme. C’est notre première grande attaque, il faut qu’elle soit un succès pour l’honneur de tous les Canadiens-français que nous représentons en France.»
Après plusieurs jours d’âpres combats et malgré de lourdes pertes, cette attaque fut couronnée de succès. La majorité des journaux du monde entier rendirent hommage à la bravoure canadienne-française.
Honneurs et mémoire
Le 22e Bataillon entre à Bonn, en 1918
Les faits d’armes au crédit du 22e Bataillon au cours de la Première Guerre mondiale sont nombreux, avec 18 honneurs de batailles. Ces honneurs sont : MONT-SORREL, SOMME 1916-1918, FLERS COURCELETTE, Thiepval, les Hauteurs de l'Ancre, VIMY 1917, Arleux, Scarpe 1917-1918, côte 70, YPRES 1917, PASSCHENDAELE, ARRAS 1917-1918, AMIENS, ligne Hindenburg, Canal du Nord, CAMBRAI 1918, FRANCE ET FLANDRES 1915-1918, et Poursuite de Mons.
Les noms en gras sont ceux figurant sur le drapeau régimentaire.
Au total, le bataillon vit passer 244 officiers et 5675 hommes. Sur ce total, 3961 sont morts ou ont été blessés durant le conflit.
Rendons ici hommage à nos cousins d'Amérique venus mourir sur le sol de France.